Comment se débarrasser de l’amiante sans danger et à moindre coût ?

L’essentiel à retenir

L’amiante, matériau autrefois prisé pour ses propriétés isolantes et sa résistance, s’est révélé être un véritable fléau pour la santé. Malgré son interdiction en 1997, on en trouve encore dans de nombreux bâtiments. L’inhalation de fibres d’amiante peut provoquer de graves maladies comme l’asbestose (fibrose des poumons), le cancer du poumon ou le mésothéliome (cancer de la plèvre). Se débarrasser de l’amiante est donc un enjeu majeur, mais comment procéder sans danger et sans se ruiner ? Découvrez nos conseils pour un désamiantage en toute sérénité.

Repérer l’amiante et évaluer les risques

Avant toute chose, il faut savoir identifier les matériaux susceptibles de contenir de l’amiante. On distingue l’amiante friable, qui s’effrite facilement et libère des fibres dans l’air (flocages, calorifugeages), de l’amiante non friable ou amiante-ciment (fibrociment, dalles, colles).

L’amiante friable présente les plus grands risques en cas d’inhalation des fibres. Vous pouvez trouver de l’amiante dans les faux-plafonds, les conduits de ventilation et de chauffage, les tuyaux, les revêtements de sol, les toitures en plaques ondulées (type Eternit)… En cas de doute, n’hésitez pas à faire appel à un diagnostiqueur certifié, qui pourra prélever des échantillons et les analyser. C’est même une obligation avant tous travaux ou démolition ! Le diagnostiqueur a aussi pour mission d’établir la liste des matériaux et produits contenant de l’amiante (liste C) et de la mettre à jour régulièrement.

Type d’amiante	Exemples	Risques
Amiante friable	Flocages, calorifugeages	Élevés, fibres facilement inhalées
Amiante non friable (amiante-ciment)	Fibrociment, dalles, colles	Faibles si matériaux en bon état

Bon à savoir : si les matériaux sont en bon état, il n’est pas toujours nécessaire de les retirer. Le diagnostiqueur évaluera leur degré de conservation et le risque de dégradation. Moins on manipule l’amiante, mieux c’est !

Précautions à prendre pour enlever soi-même de l’amiante

Si vous envisagez d’enlever vous-même de l’amiante, soyez extrêmement prudent. Cela ne s’improvise pas ! Privilégiez cette option uniquement pour l’amiante non friable et pour de petites surfaces. Munissez-vous d’un équipement de protection complet :

• Masque respiratoire intégral avec filtre P3
• Combinaison jetable type 5 avec capuche
• Gants étanches et bottes de sécurité
• Charlotte et sur-bottes

Humidifiez la zone de travail pour limiter l’envol des fibres. Démontez les éléments sans les casser, en les gardant le plus possible intacts. Emballez-les immédiatement avec un film plastique étanche et solide. Étiquetez ensuite vos déchets avec la mention « Amiante ». Décontaminez la zone de travail avec un chiffon humide, nettoyez vos outils et retirez vos vêtements contaminés avec précaution. Et surtout, en cas de doute ou pour des travaux conséquents, faites appel à une entreprise spécialisée dans le désamiantage, disposant d’une certification AFNOR.

Exemple : pour démonter et emballer 5 m² de dalles de sol en amiante-vinyl, comptez environ 2 heures de travail, en procédant avec méthode et sans précipitation.

A noter : certains travaux d’enlèvement d’amiante sont strictement interdits aux particuliers, comme le retrait de flocages ou calorifugeages. D’autres sont possibles sous conditions : interventions de courte durée sur des matériaux non friables et non dégradés. En dehors de ce cadre, c’est une entreprise certifiée qui doit intervenir.

Sachez qu’il existe aussi des techniques d’encapsulage qui consistent à recouvrir l’amiante d’une couche étanche pour éviter la dispersion des fibres. Une bonne option si le support est en bon état. En revanche, pour un désamiantage total, le recours aux professionnels est incontournable. Ils mettront en place un véritable chantier avec sas de décontamination, extracteurs d’air, confinement.. et utiliseront des méthodes spécifiques comme le retrait par aspiration ou la vitrification à la torche à plasma. Les artisans RGE (Reconnu Garant de l’Environnement) sont habilités pour ces travaux.

Evacuer et traiter ses déchets amiantés dans les règles

Une fois vos déchets conditionnés, vous devrez les apporter en déchèterie. Attention, toutes n’acceptent pas l’amiante : renseignez-vous au préalable auprès de votre mairie ou sur le site de votre service de gestion des déchets.

Vous pouvez aussi contacter une société spécialisée dans la collecte de déchets dangereux, qui vous fournira un « big bag » ou un bac étanche dans lequel déposer vos déchets. Certaines proposent même une location de benne. N’oubliez pas de demander le Bordereau de Suivi des Déchets d’Amiante (BSDA), obligatoire, et qui assure la traçabilité des déchets de leur enlèvement jusqu’à leur élimination finale.

Pour le transport, soyez vigilant. Les matériaux doivent être correctement emballés et étiquetés. Évitez de les découper ou de les casser. Préférez un véhicule couvert ou une remorque bâchée pour limiter tout risque d’envol.

Et chargez avec précaution pour ne pas percer les sacs ! Une fois collectées, les entreprises acheminent les déchets vers des centres de stockage dédiés, pour les déchets non inertes non dangereux (ISDND), ou vers des centres d’enfouissement spécialisés pour l’amiante. Certains déchets seront même vitrifiés à très haute température pour les rendre totalement inertes.

Coûts et aides pour se débarrasser de l’amiante

Que vous fassiez appel à un professionnel ou que vous procédiez vous-même à l’enlèvement de l’amiante, cela a évidemment un coût. Mais sachez que certaines communes, comme Evenos dans le Var, proposent des collectes gratuites d’amiante pour les particuliers. Renseignez-vous auprès de votre mairie pour savoir si de telles initiatives existent près de chez vous.

Si vous passez par une entreprise spécialisée, les tarifs varient selon la quantité d’amiante à retirer et le type d’intervention. En moyenne, comptez entre 20 et 50 € par m² pour un désamiantage de toiture ou de sol.

Le coût peut grimper jusqu’à 200 €/m² pour des flocages! Pour une maison de 100 m², le montant total des travaux peut ainsi avoisiner les 30 000 €. Certes, c’est un budget conséquent, mais gardez à l’esprit qu’un chantier dans les règles de l’art vous garantit une sécurité optimale et une parfaite traçabilité des déchets.

Pensez aussi à inclure le désamiantage dans un projet global de rénovation : vous pourrez ainsi mutualiser certains frais (échafaudages, bennes…) et optimiser les aides financières. Car des subventions existent, notamment de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) sous conditions de ressources. Des prêts à taux zéro ou des crédits d’impôt sont aussi possibles selon votre situation. Enfin, sachez que le désamiantage est un atout indéniable en cas de revente : il rassure les acheteurs et valorise votre bien.

Exemple de devis pour le désamiantage d’un appartement de 2 pièces:

• Dépose de 20 m² de dalles de sol : 800 €
• Enlèvement de 5 m linéaires de conduits en fibrociment : 500 €
• Mise en déchèterie spécialisée : 250 €
• Contrôle visuel et mesures d’empoussièrement : 500 €

Soit un total de 2050 € (hors pose de nouveaux matériaux).

Autres précautions et conseils complémentaires

Avant de vous lancer dans des travaux liés à l’amiante, quelques recommandations supplémentaires :

• Demandez toujours un devis détaillé aux entreprises consultées, et n’hésitez pas à en comparer plusieurs.
• Si vous êtes amené à manipuler de l’amiante, protégez aussi la zone en la bâchant soigneusement et en humidifiant les matériaux pour limiter l’émission de fibres.
• Lors de la revente d’un bien immobilier, la présence d’amiante doit absolument être signalée aux acquéreurs dans le Dossier de Diagnostic Technique (DDT).
• Si vous avez été exposé à de l’amiante, un suivi médical régulier est essentiel. Une prise en charge de certaines pathologies est possible via le FIVA (Fonds d’Indemnisation des Victimes de l’Amiante).
• Pour vos futurs travaux d’isolation, pensez aux matériaux écologiques et sains comme la fibre de bois, la ouate de cellulose, le liège ou le lin.
• Après un désamiantage, vous pouvez demander des prélèvements d’air pour vérifier l’absence de pollution résiduelle. Un seuil réglementaire de 5 fibres par litre ne doit pas être dépassé.

Grâce à ces précautions, vous réduirez au maximum les risques liés à l’amiante tout en donnant de la valeur à votre logement. Isoler en se débarrassant de ce matériau nocif, c’est protéger durablement votre santé et celle des générations futures !

En résumé, mieux vaut prévenir que guérir face à l’amiante. Anticipez, faites les bons gestes, et entourez-vous de professionnels compétents. Vous serez ainsi parfaitement armés pour relever le défi de la rénovation en toute sérénité!